Les smartphones Huawei Mate 30 peuvent être alimentés par EMUI 10 basé sur Android 10, mais ils ne fonctionnent pas avec la version Android de Google. Comme indiqué ce matin, vous ne trouverez pas le Play Store, Gmail, Google Maps, ou Google Recherche. Dès que la boutique d’applications App Gallery de Huawei est apparue, il était évident que Huawei irait de l’avant sans Google, tant que l’interdiction américaine était toujours en vigueur.
Quoi qu’il en soit, Huawei envisage sérieusement d’utiliser Android comme base pour son propre OS. Et, je ne parle même pas de HarmonyOS pour ses smartphones, ce que nous allons probablement voir un jour ou l’autre sur ses smartphones, interdiction ou non. Huawei, forcée par le gouvernement américain, semble prête à mettre beaucoup de ressources pour monter une sorte d’attaque comme nous n’en avons jamais vu auparavant, bien que d’autres ont essayé par le passé : utiliser Android contre Google.
Amazon est le premier exemple qui me vient à l’esprit. La société vend une variété de tablettes avec sa propre version d’Android, basée sur Android de Google et, bien sûr, avec sa propre boutique d’applications. Mais, le géant du commerce n’a pas besoin de ce dernier pour sauver sa peau, ce que Huawei ne peut se permettre.
Sans les applications Google, le Mate 30 Pro sera un smartphone que beaucoup de gens ignoreront, peu importe les applications tierces préférées de Huawei qui remplaceraient les applications de Google.
Huawei Mobile Services
Mais l’interdiction américaine a dû faire comprendre à Huawei qu’elle ne peut pas renoncer à fabriquer des smartphones. C’est une grosse partie de son résultat net. Et, ces smartphones ne peuvent rien faire fonctionner d’autre qu’Android en dehors de la Chine. C’est là qu’intervient le Huawei Mobile Services (HMS).
Nous ne nous attendions pas à ce que Huawei aborde la question de l’interdiction américaine lors de l’événement Mate 30 Pro, mais Richard Yu a expliqué à la fin de l’événement que l’interdiction obligeait la société à remplacer les Google Mobile Services (GMS) par sa propre solution.
HMS sera un écosystème open-source, a déclaré le dirigeant de Huawei, prenant en charge les applications tierces en plus de ses propres « capacités et noyau » construits sur l’OS sous-jacent — dans ce cas, Android 10.
L’App Gallery dont j’ai déjà parlé sera l’hôte de ces nouvelles applications, et Huawei précise qu’il est très populaire. C’est peut-être vrai, mais seulement sur certains marchés. Pour l’avenir, Huawei veut faire de l’App Gallery une alternative au Google Play Store, une alternative qui pourrait un jour proposer les mêmes applications que celles que l’on trouve dans la boutique d’applications mobiles de Google.
Pour ce faire, Huawei est prête à dépenser près de 1 milliard de dollars pour motiver les développeurs à apporter leur création à la version d’Android de Huawei. Si ça marche, la stratégie pourrait aider Huawei à continuer à faire fonctionner les smartphones Android avec la dernière version d’Android, sans mettre les applications de Google. Et, en supposant que les clients n’y voient pas d’inconvénient, cette version d’Android pourrait aider l’activité mobile de Huawei à rester à flot sur les marchés occidentaux.
EMUI 10… basée sur Android 10
Huawei a également fait la démonstration sur scène de certaines de ses nouvelles fonctionnalités d’interface utilisateur EMUI 10, qui sont conçues sur Android 10. On retrouve notamment le mode sombre, du mode d’affichage permanent (always on), des interactions gestuelles, du contrôle 3D Smart Gesture Control, d’une fonctionnalité de rotation automatique pilotée par l’IA, de la collaboration multi-écran sur les ordinateurs portables de Huawei, etc.
Yu a également insisté sur la confidentialité et les caractéristiques de sécurité du système d’exploitation, ce qui est un aspect critique à prendre en compte lors de l’achat d’appareils Huawei, et la société chinoise le sait très bien. Huawei a dû se défendre à plusieurs reprises contre les affirmations des services de renseignements américains selon lesquelles ses appareils peuvent être utilisés pour espionner le peuple américain, alors, naturellement, elle veut faire comprendre aux utilisateurs que ses produits sont sécurisés.
Est-ce suffisant pour convaincre les utilisateurs de se passer de Google dès cet automne ? Seul l’avenir le dira.