Huawei a informé les fournisseurs qu’elle réduira les expéditions de smartphones d’au moins 60 % en 2021. La décision du conglomérat de réduire sa production fait suite à sa perte d’accès à la technologie cruciale des semi-conducteurs d’origine américaine. Sa présence sur le marché des appareils mobiles a fortement diminué au quatrième trimestre 2020, lorsque ses ventes ont chuté de 42,3 % d’une année sur l’autre. D’après les récents commentaires de Washington, il est peu probable que l’entreprise regagne son ancienne part de marché dans un proche avenir.
L’administration Trump a interdit à la société chinoise de participer aux réseaux américains et a fait pression sur ses alliés pour qu’ils fassent de même. Des représentants des gouvernements et des services de renseignement du monde entier ont évoqué le risque que représente Huawei pour la sécurité, étant donné ses liens étroits avec Pékin et les services de renseignement chinois. La société a été interdite d’un pays à l’autre, coupée de ses fournisseurs de puces pour ses smartphones et reléguée à la 3e place des sociétés de smartphones dans le monde, derrière Samsung et Apple — alors qu’elle visait la première place au moment de son apogée avant les sanctions.
En raison de ce changement de réglementation, la Taiwan Semiconductor Manufacturing Company (TSMC), le fabricant de puces pour les smartphones de Huawei, a mis fin à ses relations commerciales. Huawei a stocké des composants critiques pour ses smartphones en prévision de l’entrée en vigueur des nouvelles règles afin de continuer à commercialiser des smartphones sur ses marchés les plus lucratifs. Cependant, ses nouvelles restrictions en matière d’approvisionnement ont massivement perturbé ses opérations d’achat. Le groupe de recherche Gartner a estimé que ses achats de puces ont chuté de 23,5 % par an en 2020.
Selon Nikkei, la société ne sécurise que suffisamment de composants pour expédier 70 à 80 millions de smartphones en 2021, contre 189 millions en 2020. En raison de ses limites en matière d’approvisionnement, la société de télécommunications ne fabriquera plus que des produits mobiles 4G à l’avenir.
Les malheurs de la société l’ont même obligée à vendre sa marque de smartphones Honor, mais elle garde l’espoir que les choses vont changer pour sa gamme phare. La société espérait que l’administration Biden prenne position et lève les restrictions. Cependant, jusqu’à présent, il semble que la nouvelle administration n’ait pas l’intention de changer de direction, laissant Huawei avec peu de recours.
De réelles difficultés
Comme le conglomérat n’est pas en mesure d’acheter des semi-conducteurs de pointe, sa décision de se concentrer sur les smartphones 4G est logique. Elle pourrait être en mesure de s’approvisionner en pièces de cette génération en raison de son architecture plus mature. Le mois dernier, la branche financière de Huawei a investi des capitaux dans 20 fabricants de composants électroniques basés en Chine afin d’améliorer sa chaîne d’approvisionnement nationale. Toutefois, les analystes estiment que la région ne disposera pas des ressources technologiques nécessaires pour fabriquer des semi-conducteurs de pointe avant au moins une décennie.
Étant donné sa situation, Huawei ne retrouvera pas de sitôt sa position de leader mondial dans le domaine des smartphones.