La fusion entre Honda et Nissan est officiellement abandonnée. Annoncé en décembre dernier, ce projet aurait donné naissance au troisième plus grand constructeur automobile mondial, dépassant ainsi le groupe Volkswagen. Toutefois, cette fusion n’a jamais été perçue comme un rapprochement entre égaux, beaucoup y voyant plutôt une prise de contrôle de Nissan par Honda, encouragée par le gouvernement japonais.
Cette fusion aurait également renforcé l’industrie automobile japonaise face à la montée en puissance des constructeurs chinois. Mitsubishi, qui faisait partie des discussions, est également exclu de cette alliance avortée.
Il y a moins de 2 mois, les deux constructeurs automobiles ont signé un protocole d’accord pour explorer différentes voies commerciales, mais aujourd’hui, nous avons appris qu’ils ont « convenu de mettre fin » à ce protocole et que les pourparlers ont cessé.
Nissan fait déjà partie d’une alliance avec Mitsubishi et Renault, où chaque entreprise détient une participation dans l’autre. Renault, en particulier, possède 37,5 % de Nissan, ce qui aurait compliqué la fusion avec Honda. Selon plusieurs sources, Honda aurait souhaité que Nissan rachète cette participation, afin de réduire l’influence étrangère dans l’entreprise. Toutefois, Nissan, en grande difficulté financière, n’avait pas les ressources nécessaires pour une telle opération, et Renault aurait exigé une prime importante pour vendre ses parts.
D’autres points de blocage ont empêché la fusion de se concrétiser. Les deux entreprises n’ont pas réussi à s’entendre sur la gouvernance de la nouvelle entité ni sur une valorisation de Nissan jugée équitable. Les dirigeants de Nissan refusaient l’idée d’un rapprochement qui aurait fait de leur entreprise une simple filiale de Honda. De plus, les analystes soulignaient l’absence d’une véritable synergie entre les deux constructeurs, rendant la fusion moins attrayante d’un point de vue stratégique.
Dans un communiqué commun, Honda et Nissan expliquent leur décision en insistant sur la nécessité d’agir rapidement dans un marché en pleine mutation avec l’électrification. Ils estiment que mettre fin aux discussions est la meilleure décision pour permettre à chaque entreprise d’exécuter plus efficacement ses propres stratégies.
Honda et Nissan vont poursuivre avec un partenariat stratégique
Plutôt qu’une fusion, les deux constructeurs ont convenu de poursuivre un « partenariat stratégique » dans le domaine des véhicules électriques et intelligents. L’objectif est de créer de la valeur et d’optimiser la compétitivité des deux entreprises face aux défis de l’industrie automobile.
Pour Honda, cette annulation ne semble pas être un revers majeur. Le constructeur vient d’annoncer une hausse de 6 % de ses bénéfices d’exploitation, preuve de sa bonne santé financière. Nissan, en revanche, reste en grande difficulté. Après avoir perdu de l’argent sur les deux derniers trimestres, l’entreprise vient d’annoncer un plan de restructuration massif comprenant 9 000 suppressions d’emplois, la fermeture de trois usines et la réduction des cadences de production sur plusieurs sites, y compris aux États-Unis. Par ailleurs, des rumeurs persistantes évoquent un rapprochement avec le géant taïwanais Foxconn, qui pourrait offrir à Nissan une nouvelle opportunité de redressement.
