Le concepteur britannique de puces ARM modifie son modèle économique et entre ainsi en concurrence directe avec ses propres licenciés. Jusqu’à présent, l’entreprise se concentrait sur la licence de son architecture ARM à des sociétés comme Apple, Nvidia et Qualcomm, qui développaient ensuite leurs propres processeurs.
Désormais, ARM prévoit de concevoir et commercialiser ses propres processeurs complets.
Ce changement majeur dans la stratégie d’Arm serait motivé en grande partie par le partenariat avec Meta, qui aurait un rôle clé dans cette évolution. En effet, Arm, habituellement spécialisée dans la licence de ses plans de puces pour des entreprises comme Apple et Nvidia, se tournerait désormais vers la fabrication de processeurs de centres de données pour Meta. La première puce fabriquée en interne par Arm pourrait être dévoilée d’ici l’été.
Le changement stratégique de Arm s’inscrit dans une vision plus large de SoftBank, son propriétaire principal, qui cherche à développer une infrastructure AI de grande échelle. Ce projet a pris forme avec le lancement du projet Stargate en partenariat avec OpenAI, visant à soutenir l’infrastructure AI aux États-Unis, avec un investissement ambitieux de 500 milliards de dollars sur quatre ans.
ARM recrute activement des spécialistes
Pour atteindre cet objectif, ARM recrute activement des spécialistes en conception de processeurs, notamment en débauchant des ingénieurs de ses propres partenaires, comme Qualcomm, l’un de ses plus grands licenciés. Ces nouvelles puces seraient destinées à des clients majeurs comme Meta, qui souhaite les utiliser dans ses centres de données.
Cette évolution suscite des tensions dans l’industrie des semi-conducteurs, car, jusqu’ici, ce sont surtout les licenciés d’ARM qui tiraient profit du développement de processeurs basés sur son architecture. De son côté, ARM cherche depuis plusieurs années à diversifier ses sources de revenus et à s’affranchir de sa dépendance aux seules licences.
Cette situation est d’autant plus surprenante que le PDG d’ARM, Rene Haas, déclarait encore en décembre dernier, dans le cadre d’un procès contre Qualcomm, que l’entreprise ne fabriquait pas ses propres puces. Pourtant, selon Reuters, ARM aurait déjà commencé à recruter en interne pour ce projet plusieurs semaines avant cette déclaration. Reste à voir si cette nouvelle stratégie pourra être mise en œuvre sans compromettre les relations avec ses partenaires historiques.
