Microsoft fête ses 50 ans à un moment où la technologie s’apprête à transformer le monde. Fondée par Bill Gates et Paul Allen dans un petit bureau loué à Albuquerque, Microsoft est aujourd’hui la deuxième entreprise la plus valorisée au monde.
En 50 ans, le géant du logiciel a relevé de nombreux défis, fait face à des procès antitrust et à une concurrence féroce.
Mais pourra-t-elle rester en tête pour les cinq prochaines décennies ?
Ce que l’histoire de Microsoft nous dit sur les 50 prochaines années
Microsoft a commencé en 1975 comme une petite entreprise développant des logiciels pour le Altair 8800, un des premiers ordinateurs personnels. En 1980, la société avait besoin d’un système d’exploitation pour équiper le PC d’IBM. Elle a alors acquis 86-DOS et l’a modifié pour créer MS-DOS. Ce système est rapidement devenu très populaire et, en 1985, Microsoft lançait son premier système graphique : Windows 1.0.
En 1995, Microsoft a lancé Windows 95, un immense succès commercial, introduisant le menu Démarrer, la barre des tâches et l’Explorateur Windows — toujours présents dans Windows 11, 30 ans plus tard.
Par la suite, Microsoft a lancé Windows XP, la console Xbox et la suite bureautique Office, élargissant son empreinte dans le monde du PC. Aujourd’hui, Windows détient encore plus de 70 % de part de marché sur le bureau. En parallèle, Microsoft s’est diversifié vers le cloud (Azure), les jeux vidéo (Xbox), la productivité (Microsoft 365) et son prochain grand pari : l’intelligence artificielle Copilot.
Au-delà du grand public, Microsoft est désormais une entreprise majeure au service des professionnels. En réalité, la majorité de son chiffre d’affaires provient aujourd’hui de l’infrastructure cloud Azure et des services d’IA. Le reste vient de Microsoft 365, Windows et Xbox.
Le seul domaine où Microsoft a échoué : le mobile
Microsoft n’a jamais réussi à s’imposer sur le marché des smartphones. Le Windows Phone a quitté la scène en 2020. Bill Gates a récemment admis que perdre le marché du mobile face à Android fut sa « plus grosse erreur ».
En 2025, Microsoft a également annoncé l’abandon complet du matériel HoloLens, tournant la page de sa vision en réalité mixte.
Le rôle de Microsoft dans le développement de l’AGI
Lorsque Satya Nadella est devenu PDG en 2014, l’entreprise était en difficulté. Il a mis fin à plusieurs projets en perte de vitesse, comme Windows Phone, et recentré Microsoft sur le cloud, l’IA, les services aux entreprises et les développeurs. Résultat : Microsoft est devenue la deuxième entreprise mondiale en valorisation, atteignant récemment les 3 000 milliards de dollars.
Une grande partie du mérite revient à Nadella, notamment pour l’accord stratégique avec OpenAI en 2019. Microsoft a investi 1 milliard de dollars pour soutenir le développement de l’AGI (intelligence artificielle générale).
À ce jour, Microsoft a investi près de 14 milliards de dollars dans OpenAI et détient 49 % de la société. Cela lui donne un accès exclusif aux modèles d’IA d’OpenAI, qu’il peut intégrer dans ses produits comme Copilot, Microsoft 365 ou Azure AI.
Par ailleurs, OpenAI est contractuellement obligé d’utiliser Microsoft Azure pour tous ses besoins en infrastructure cloud. Microsoft n’a autorisé récemment qu’une exception avec Oracle. De plus, OpenAI doit reverser 75 % de ses revenus à Microsoft jusqu’au remboursement de l’investissement.
Toutefois, une clause précise qu’une fois l’AGI atteinte, Microsoft perdra l’accès aux technologies d’OpenAI. Pour se préparer, Microsoft développe désormais ses propres modèles d’IA (comme Phi ou Muse AI) et soutient des projets open source, y compris le chinois DeepSeek.
Les 50 prochaines années de Windows
Même si Windows ne représente plus la majorité des revenus, il reste la fondation de l’écosystème Microsoft. Windows 11, dernier OS en date, évolue progressivement pour offrir une expérience plus cohérente et moderne.
Microsoft travaille à rendre Windows plus modulaire. Les composants comme le shell, la barre des tâches ou le centre de notifications sont découplés pour devenir indépendants et plus facilement mis à jour. Un prototype comme Windows 10X, basé sur Windows Core OS, allait dans cette direction.
À l’avenir, on pourrait voir plusieurs variantes de Windows selon les appareils (pliables, tablettes, etc.). Windows 12 est attendu avec une barre des tâches flottante et une interface modulaire adaptée au tactile.
Côté IA, Microsoft ajoute de plus en plus de fonctionnalités intelligentes : Recall, recherche sémantique, Cocreator, etc. À terme, Windows deviendra un système d’exploitation piloté par l’IA, avec un Copilot capable d’agir en temps réel et de répondre par la voix à des commandes système ou web.
Pour cela, Microsoft développe des frameworks comme OmniParser, Magentic-One, AutoGen, ou Windows Agent Arena, visant à gérer des tâches complexes au niveau de l’OS. Le but : intégrer l’IA au cœur même du système d’exploitation.
Microsoft dans les puces et l’informatique quantique
Microsoft prépare aussi l’avenir sur le matériel, en réduisant sa dépendance à Nvidia. En 2023, la société a présenté sa puce Azure Maia 100, optimisée pour les charges de travail IA, comme les TPU de Google.
Elle a aussi dévoilé un processeur Azure Cobalt, basé sur ARM, pour les calculs généraux. L’objectif : réduire les coûts des data centers et limiter la dépendance à Nvidia ou Intel.
Enfin, en février 2025, Microsoft a annoncé une percée en informatique quantique avec Majorana 1, une puce exploitant des qubits topologiques, réputés plus stables. Elle repose sur des matériaux inventés par Microsoft appelés « topoconducteurs », et pourrait atteindre 1 million de qubits sur une seule puce.
En tant qu’entreprise avant tout logicielle, Microsoft entre dans l’ère de l’IA avec de grandes ambitions. De Windows à Xbox, d’Azure à Microsoft 365, tout l’écosystème est en transformation. Dans les 50 prochaines années, Microsoft pourrait bien mener l’innovation technologique mondiale. Mais saura-t-elle rester devant Google et Apple ? Seul l’avenir nous le dira.