Meta a annoncé ce lundi qu’elle allait commencer à entraîner ses modèles d’intelligence artificielle (IA) à partir des contenus publics des utilisateurs de ses applications en Europe, notamment Facebook et Instagram.
Cette initiative, qui inclut également les interactions avec Meta AI, intervient après une pause de plusieurs mois imposée par la réglementation européenne en matière de protection des données.
Meta avait initialement prévu de lancer l’entraînement de ses IA avec les données européennes en 2024. Toutefois, suite aux pressions du régulateur irlandais (DPC) — agissant pour le compte de l’Union européenne — l’entreprise avait suspendu son projet en juin 2024.
En septembre 2024, Meta a redémarré ces efforts au Royaume-Uni, et aujourd’hui, elle annonce officiellement l’élargissement à l’ensemble de l’Union européenne.
Quelles données seront utilisées par Meta ?
Meta précise que l’entraînement de ses modèles s’appuiera uniquement sur :
- Les publications publiques, commentaires et contenus visibles sur Facebook et Instagram.
- Les interactions avec Meta AI (chat, requêtes, etc.).
Ne seront pas utilisées :
- Les messages privés, ni même les messages visibles dans les groupes fermés.
- Les données des utilisateurs de moins de 18 ans.
Règlementation et respect du RGPD
Ce déploiement en Europe intervient après que le Comité européen de la protection des données (EDPB) a confirmé en décembre 2024 que l’approche initiale de Meta respectait bien le RGPD, notamment sur les questions de consentement et de transparence.
Meta indique avoir collaboré avec la Commission de protection des données (DPC) pour s’assurer de la conformité, et se dit désormais confiante dans la poursuite du projet.
Notifications et droit d’opposition
Dès cette semaine, les utilisateurs européens commenceront à recevoir :
- Des notifications dans les applications Facebook et Instagram,
- Des e-mails explicatifs, contenant un lien vers un formulaire d’opposition.
Les utilisateurs pourront refuser que leurs données soient utilisées pour l’entraînement des modèles d’IA. Meta s’engage à respecter toutes les objections déjà reçues ainsi que celles à venir.
Objectif : une IA ancrée dans les réalités locales
Selon Meta, cette démarche vise à rendre ses IA plus pertinentes pour les utilisateurs européens : « Nous avons la responsabilité de construire une IA qui ne soit pas seulement disponible pour les Européens, mais qui soit aussi conçue pour eux ».
Les modèles d’IA seront ainsi entraînés pour mieux comprendre :
- Les dialectes et expressions locales,
- Les références culturelles,
- Les différences dans l’humour, l’ironie ou le sarcasme selon les pays.
Cette approche est particulièrement cruciale pour le développement des IA génératives multimodales, capables de générer du texte, de l’audio, de la vidéo et des images.
Un marché très surveillé
Même si Meta affirme agir en conformité avec le RGPD, les autorités européennes restent vigilantes. Le DPC a récemment ouvert une enquête sur l’entraînement de l’IA Grok de la société xAI (d’Elon Musk), montrant que le contrôle des IA reste une priorité.
Meta suit ainsi les pas de Google et OpenAI, qui utilisent déjà les données publiques d’utilisateurs européens pour entraîner leurs propres modèles. La guerre de l’IA ne fait que commencer — et cette fois, l’Europe est pleinement dans la boucle.