Alors que s’ouvre la phase des sanctions du procès historique US vs Google, une proposition radicale secoue la Silicon Valley : contraindre Google à se séparer de son navigateur Chrome. Et parmi les potentiels acheteurs, un nom ressort avec force — OpenAI.
L’entreprise à l’origine de ChatGPT s’est déclarée intéressée par un éventuel rachat de Chrome, marquant ainsi une possible mutation majeure du paysage numérique.
En 2023, le juge Amit Mehta a conclu que Google maintenait illégalement un monopole sur la recherche en ligne. La phase actuelle du procès vise à déterminer les sanctions, et parmi les options avancées par le Département de la Justice américain (DOJ), figure la plus audacieuse : forcer Google à vendre Chrome. Google conteste cette décision et prévoit de faire appel.
Le DOJ considère que Chrome, en tant que principal point d’entrée vers la recherche Google (et donc vers les revenus publicitaires), est un levier central du comportement anticoncurrentiel de l’entreprise. En forçant la revente de Chrome, le gouvernement espère rétablir un certain équilibre dans l’écosystème numérique.
OpenAI intéressé par Chrome… et par la recherche Google
Lors de son témoignage devant le tribunal cette semaine, Nick Turley, responsable produit de ChatGPT chez OpenAI, a affirmé sans détour que l’entreprise serait prête à acquérir Chrome si la vente devenait obligatoire. « Oui, nous le serions, comme beaucoup d’autres acteurs », a-t-il déclaré.
Mais, l’intérêt de OpenAI ne s’arrête pas au navigateur : Turley a révélé qu’en 2024, OpenAI avait tenté de nouer un partenariat avec Google pour intégrer son API de recherche dans ChatGPT. Objectif : améliorer la pertinence et la profondeur des résultats fournis par l’IA. « Nous pensons que le fait d’avoir plusieurs partenaires, et en particulier l’API de Google, nous permettrait d’offrir un meilleur produit », peut-on lire dans un e-mail présenté lors du procès.
Cette demande a été refusée par Google, qui a jugé qu’un tel accord nuirait à son avance dans le domaine de la recherche. À ce jour, aucun partenariat entre Google et OpenAI n’est en place. En attendant, ChatGPT s’appuie sur les données de recherche de Bing, ce qui pose des problèmes de qualité, selon Turley, qui a évoqué des soucis majeurs avec un fournisseur surnommé « Provider No. 1 » (sans citer explicitement Microsoft).
OpenAI travaille déjà sur son propre moteur de recherche
En parallèle, OpenAI développe son propre index de recherche, avec pour ambition initiale que ChatGPT s’appuie dessus pour 80 % des requêtes d’ici fin 2025. Toutefois, cet objectif est désormais repoussé à plusieurs années, selon les propos de Turley rapportés par Bloomberg.
Pourquoi Chrome ?
L’intérêt stratégique pour Chrome est évident : avec plus de 4 milliards d’utilisateurs actifs et une part de marché de 67 %, Chrome constitue une plateforme idéale pour diffuser massivement les innovations d’OpenAI. Le navigateur pourrait ainsi devenir un vecteur clé d’un Web « AI-first », où l’IA serait intégrée de manière native dans l’expérience de navigation.
Turley a d’ailleurs confirmé que, si OpenAI gérait Chrome, l’interface serait repensée pour intégrer profondément ChatGPT, permettant ainsi une interaction continue et intelligente avec les pages web. De plus, l’accès aux données de navigation — dans le respect des réglementations — pourrait nourrir les futurs agents intelligents capables d’exécuter des tâches complexes sur le web au nom de l’utilisateur.
La possibilité que OpenAI prenne le contrôle de Chrome bouleverserait totalement l’équilibre du Web. En cas de vente forcée, l’intégration d’une IA comme ChatGPT dans le navigateur le plus utilisé au monde ouvrirait une nouvelle ère d’interfaces intelligentes, automatisées et conversationnelles. Reste à savoir si la justice donnera suite à cette proposition radicale — et si OpenAI aura les moyens (et l’aval des régulateurs) pour réaliser cette acquisition.