Les régulateurs de l’Union européenne affirment que Google a abusés de sa position dominante dans le secteur de l’OS mobile pour pousser les fabricants à inclure Google Recherche et le navigateur Web Chrome sur leurs appareils, étouffant ainsi la concurrence.
En réponse, l’Europe a infligé une amende de 4,34 milliards d’euros à Google, et a ordonné à l’entreprise de mettre fin à cette conduite dans les 90 jours, sous peine de subir d’autres sanctions. Évidemment, Google prévoit de faire appel de la décision.
Au cœur de la plainte de l’UE, Google a abusé de sa domination du marché Android dans trois domaines clés. Google a regroupé son moteur de recherche et ses applications Chrome dans le système d’exploitation. Google a également empêché les fabricants de smartphones de créer des appareils qui exécutent des forks d’Android, et la firme a « effectué des paiements à certains grands fabricants et opérateurs mobiles » pour regrouper exclusivement l’application de Google Recherche sur les téléphones.
Alors que Google libère Android comme un OS open source, le Play Store et ces autres applications ne sont pas open source, ce qui signifie que les fabricants d’appareils ne peuvent pas choisir ce qu’ils veulent inclure. Mais, vendre un smartphone sans le Play Store le condamnerait à l’échec dans la plupart des marchés en dehors de la Chine (où le Play Store n’est pas disponible).
Fine of €4,34 bn to @Google for 3 types of illegal restrictions on the use of Android. In this way it has cemented the dominance of its search engine. Denying rivals a chance to innovate and compete on the merits. It’s illegal under EU antitrust rules. @Google now has to stop it
— Margrethe Vestager (@vestager) 18 juillet 2018
Cela n’a pas empêché Amazon de construire son propre système d’exploitation Fire OS basé sur Android et de l’inclure dans ses tablettes et ses smart TV, tout en proposant la propre boutique d’applications de l’entreprise. Mais (même Amazon n’a pas réussi à faire une brèche dans le marché des smartphones lorsque l’entreprise a essayé de lancer un smartphone Fire OS il y a quelques années.
Pas d’autres solutions ?
Le contre-argument de Google est qu’en faisant d’Android un OS disponible pour une utilisation gratuite, et en offrant un ensemble d’applications Google qui permettent à tout fabricant de mettre un smartphone sur le marché sans trop se soucier de développer des logiciels en interne, l’entreprise accrut le choix des consommateurs plutôt que de l’étouffer.
La seule raison pour laquelle Google peut se permettre de dépenser des ressources pour développer un système d’exploitation mobile, c’est parce qu’elle s’attend à faire de l’argent en conduisant les utilisateurs à son moteur de recherche et d’autres outils qui génèrent des revenus grâce à la publicité et d’autres moyens. L’implication tacite est que si Google doit autoriser les fabricants à expédier des téléphones avec un moteur de recherche par défaut différent, l’entreprise pourrait devoir commencer à facturer son OS, ce qui pourrait avoir un impact majeur sur le prix de production des smartphones Android, et au final sur le prix pour les consommateurs.
C’est la dernière d’une série de décisions majeures de la Commission européenne en matière d’anti-trust, il est donc difficile de savoir dans quelle mesure l’appel de Google sera couronné de succès.
Une simple goutte d’eau
Soit dit en passant, l’amende de 5 milliards de dollars est la plus imposante. Mais comme le souligne Reuters, cela représente à peine deux semaines de chiffre d’affaires pour Alphabet, la société mère du géant de la recherche.
Une menace plus importante pour les résultats de Google pourrait être la pénalité en cours si l’entreprise ne change pas son comportement au cours des trois prochains mois : l’UE imposera une pénalité de « jusqu’à 5 % du chiffre d’affaires quotidien moyen d’Alphabet ».