Le chiffrement des données existe depuis des décennies, mais il a pris une tournure plus politique ces dernières années. Le marché a fortement poussé au chiffrement des messages et des données sur les smartphones, mais les gouvernements qui souhaitent disposer d’une porte dérobée pour des raisons de sécurité ou d’autres intérêts ont également exercé une forte pression. Cependant, pour des entreprises comme Facebook, le chiffrement des données comme les messages WhatsApp est à la fois un argument de vente et une potentielle menace pour les affaires. Aujourd’hui, le géant des réseaux sociaux serait en train de chercher des moyens de glaner des données juteuses à des fins publicitaires sans pour autant briser la sécurité des données chiffrées.
Facebook a commencé à étudier les possibilités d’effectuer des analyses de données analytiques sur des données chiffrées sans avoir besoin de les déchiffrer. Des chercheurs en IA seraient en train d’être recrutés par la société, selon Endgadget.
Les résultats pourraient conduire Facebook à utiliser les communications chiffrées de WhatsApp pour cibler les publicités. D’après les résultats, Facebook pourrait aider à protéger les données personnelles tout en préservant ses capacités de ciblage publicitaire. Le chiffrement homomorphe est une partie du chiffrement qui repose largement sur les mathématiques. D’autres entreprises, telles que Google, Microsoft et Amazon, effectuent également des recherches sur cette solution.
Le chiffrement homomorphe est conçu pour offrir aux entreprises la possibilité de lire et d’analyser les données, tout en veillant à ce que ces dernières restent chiffrées afin de les protéger des risques de cybersécurité et de préserver la vie privée des utilisateurs.
Pour l’instant, Facebook considère qu’il est trop tôt pour mettre en œuvre le chiffrement homomorphe dans WhatsApp. Mais, si tout se passe bien, Facebook pourrait y gagner de diverses manières à l’avenir.
L’entreprise espère remplir l’objectif de sécurisation des données sans affecter le ciblage publicitaire, protégeant ainsi les intérêts économiques tout en satisfaisant les régulateurs qui ont soulevé des inquiétudes sur la façon dont la firme gère les informations des utilisateurs.
Facebook prévoit de poursuivre ses analyses de ciblage publicitaire tout en garantissant la confidentialité des utilisateurs
Une lettre conjointe de l’Australie, des États-Unis et du Royaume-Uni a exhorté Facebook à ne pas poursuivre le projet sans garantir la sécurité des utilisateurs de Facebook et sans permettre aux forces de l’ordre d’accéder au contenu des communications avec l’approbation d’un tribunal afin de protéger le public, en particulier les enfants.
Facebook s’est refusé à tout commentaire. Quelle que soit la façon dont on l’envisage, le chiffrement est un problème difficile pour Facebook, que l’entreprise soit ou non en mesure d’enquêter sur les données. D’un point de vue réaliste, il pourrait s’écouler plusieurs années avant que la possibilité d’utiliser un chiffrement homomorphe avec Facebook ne devienne une réalité. En outre, ce n’est pas la première fois que le géant des réseaux sociaux envisage cette approche. En 2019, Facebook a annoncé son intention de déployer le chiffrement de bout en bout (E2EE) sur l’ensemble de ses services de messagerie, notamment WhatsApp, Messenger et Instagram.
Facebook déclare toutefois à The Information qu’il est trop tôt pour associer cette recherche aux données chiffrées de WhatsApp. La société a déjà été grillée à l’infini au sujet de ses pratiques douteuses en matière de confidentialité, et toute suggestion qu’elle travaille sur un moyen de contourner les garanties de sécurité va sans aucun doute nuire encore plus à son image.