Les lauréats mondiaux du James Dyson Award 2022 ont été annoncés. Un capteur intelligent conçu pour mesurer le niveau de pH des blessures et une machine qui recycle les bouteilles en plastique pour en faire des filaments d’imprimante 3D abordables ont remporté chacun 30 000 £ de soutien au développement.
Le concours annuel s’adresse aux étudiants, aux jeunes diplômés, aux jeunes concepteurs et aux inventeurs qui doivent concevoir un objet capable de résoudre un problème. Cette année, le lauréat et le finaliste du concours international ont répondu à des problèmes dans le secteur médical, tandis que le gagnant du concours sur le développement durable a cherché à résoudre les problèmes de recyclage dans les économies émergentes.
En plus du prix de 30 000 livres sterling pour les gagnants, les finalistes reçoivent 5 000 livres sterling pour faire avancer leurs idées vers la production, ainsi qu’un soutien commercial de la part de Dyson.
Gagnant international : SmartHEAL
SmartHEAL, le capteur intelligent pour pansements qui a remporté le prix international, a été inventé par trois étudiants de l’Université de technologie de Varsovie, en Pologne. Tomasz Raczyński, Dominik Baraniecki et Piotr Walter ont identifié que l’une des erreurs les plus courantes dans la cicatrisation des plaies est de changer les pansements trop souvent, ce qui peut entraîner des infections et une perturbation des tissus.
Selon les recherches de l’équipe, 1 à 2 % de la population des pays émergents souffre de plaies chroniques au cours de sa vie et le traitement des plaies a également un impact économique négatif sur les prestataires de soins de santé dans les pays plus riches. Face à un problème qui touche tous les coins du globe, la solution de l’équipe devait être rentable et adaptée à des environnements différents.
Les méthodes actuelles d’évaluation des plaies consistent à surveiller la couleur, l’odeur et la température d’une plaie ou à effectuer d’onéreux tests de laboratoire. Le capteur SmartHEAL utilise des systèmes de communication par identification par radiofréquence (RFID) pour surveiller les niveaux de pH d’une plaie, évaluant ainsi son état sans avoir à la retirer de la peau. Il vise à fournir une méthode précise et abordable pour analyser les données et décider du traitement.
L’équipe va maintenant s’efforcer d’affiner ses prototypes, de terminer les tests et de commencer les essais cliniques. Elle souhaite également obtenir un brevet pour sa technologie et commencer la commercialisation de SmartHEAL en 2025.
Lauréat du concours sur la durabilité
Après avoir passé quelque temps dans un makerspace au Rwanda (un espace de travail collaboratif qui encourage l’innovation par l’expérimentation pratique), Swaleh Owais et Reiten Cheng, étudiants à l’Université McMaster du Canada, ont constaté que de nombreux habitants ne pouvaient pas utiliser l’imprimante 3D de l’espace. La raison en était le coût de l’importation dans le pays du filament utilisé par l’imprimante.
Un autre problème qu’ils ont rencontré est que peu de ressources sont consacrées au recyclage des bouteilles en plastique. L’équipe a cherché une solution à ces deux problèmes, ce qui a donné naissance au Polyformer, une machine peu onéreuse qui transforme les bouteilles en plastique en filament pour imprimante 3D. Le filament pour imprimante 3D est le matériau qui est fondu par les machines d’impression 3D.
Le Polyformer fonctionne en coupant le plastique en longues bandes et en les introduisant dans une extrudeuse, une machine qui force le plastique à travers une ouverture spécialement conçue, le thermoformant en filaments de 1,75 mm. Une fois qu’il a traversé les évents et s’est refroidi, il est enroulé autour d’une bobine et prêt à être utilisé.
L’objectif de cette invention est de favoriser l’utilisation des infrastructures de conception et de créer davantage de possibilités de carrière dans les économies émergentes, tout en facilitant le recyclage dans ces régions.
Swaleh et Reiten construisent actuellement de nouveaux Polyformers qui seront utilisés dans des makerspaces partenaires au Rwanda, et conçoivent de nouveaux produits industriels tels que le Polyjoiner, un mécanisme qui réunit automatiquement plusieurs brins de filament d’imprimante en une longue pièce unique, ce qui permet de réaliser des travaux d’impression plus longs. Le Polydryer est une autre machine en cours de développement qui extrait l’humidité du filament pour une meilleure qualité d’impression, tandis que le Polyspooler est une machine qui enroule automatiquement le filament, ce qui facilite son utilisation.
Deuxième place au niveau international
Ivvy est un dispositif portable conçu pour remplacer la perche à perfusion intraveineuse utilisée dans les hôpitaux et accroître le confort des patients lors des traitements par perfusion. Conçu et fabriqué par Charlotte Blancke, étudiante à l’université d’Anvers, ce dispositif est doté d’une pompe facile à utiliser et d’un logiciel embarqué, ce qui permet aux infirmières de surveiller les patients à distance.
Les soins médicaux à domicile étant de plus en plus répandus, Charlotte Blancke a estimé que l’équipement utilisé devait refléter l’environnement, plutôt que de s’en tenir à l’équipement plus grand et moins mobile utilisé dans les hôpitaux. Elle a également cherché à simplifier l’interface complexe utilisée dans les pompes à perfusion existantes. Ivvy utilise une interface simplifiée et un système intuitif, que les infirmières peuvent utiliser pour configurer le traitement à domicile. Les patients peuvent suivre leur traitement grâce à une bande LED, un écran et des notifications sonores.
Blancke prévoit de poursuivre le développement d’Ivvy avec l’aide de professionnels du secteur.
Lauréats France du prix James Dyson Award
Du côté de la France, même s’ils n’ont pas reçu un prix à l’International, Nathan Hubert et Mano Silberzahn, un duo de jeunes designers industriels, ont été sacrés lauréats nationaux du James Dyson Award 2022 avec leur outil de cuisine réparable et polyvalent, Nobsolete.
La problématique soulevée par NOBSOLETE est également liée à l’environnement. Nathan & Mano ont identifié que le petit électroménager constitue la première source de déchets électroniques dans le monde, avant les gros appareils et bien avant les smartphones et les ordinateurs portables. Les raisons : leur court cycle de vie et le manque d’options de réparation. De plus, les petits appareils de cuisine finissent inévitablement par tomber en panne puisqu’ils sont exposés à la chaleur, aux contraintes mécaniques et à l’humidité. Par ailleurs, leur conception dictée par des objectifs de réduction des coûts, rend toute réparation quasiment impossible.
Comment fonctionne Nobsolete ? L’outil de cuisine Nobsolete est composé de 3 modules :
- Le module électronique qui fait office de poignée et accueille le déclencheur de détection de pression
- Le module moteur qui contient le moteur entraînant la rotation
- Le module de cuisine qui interagit avec les aliments : les jeunes designers en ont conçu plusieurs pour
Cela permet d’obtenir une solution globale compacte qui n’utilise qu’un seul moteur, une seule alimentation, un seul fusible, etc. Chaque module permettant un démontage facile, l’utilisateur peut aisément remplacer le composant précis qui est tombé en panne. S’il se sent moins courageux, l’utilisateur peut également remplacer le module entier, ce qui constitue déjà une grande amélioration par rapport à la situation actuelle. Pour répondre à sa démarche de réparabilité totale de ses technologies, Nobsolete met à disposition chaque pièce détachée de son appareil sur son site internet.
Ayant été membre du jury en France pour le James Dyson Award 2022 je peux vous affirmer que tout le jury était unanime sur la viabilité d’un tel projet ! Espérons que Nathan & Mano iront au bout de projet.