Vous voulez installer une application ou un jeu sur un iPhone ou un iPad ? Les seuls moyens officiels d’y parvenir sont de les obtenir sur l’App Store ou de créer un compte de développeur. C’est le cas depuis le lancement de l’App Store en 2008.
Conformément à la nouvelle loi sur les marchés numériques de l’UE, Apple prendra en charge les boutiques d’applications tierces et le sideloading sur les iPhone et iPad européens. Un rapport de Bloomberg indique qu’Apple utilise une « quantité importante de ressources » pour mettre en œuvre ce changement dans iOS 17, qui sera lancé fin 2023.
Pour le meilleur ou pour le pire, les régulateurs européens ne sont pas intéressés par le maintien du jardin clos d’Apple. L’UE a récemment décrété qu’Apple, ainsi que d’autres fabricants d’appareils portables, devaient prendre en charge la recharge USB-C d’ici le 28 décembre 2024. La nouvelle loi sur les marchés numériques va encore plus loin en réduisant considérablement la capacité d’Apple à restreindre les logiciels sur sa plateforme.
C’est une situation intéressante. Apple affirme que le sideloading présente une menace pour la sécurité et le bien-être des clients. Et, dans certains cas, la société a probablement raison — si vous pouvez installer n’importe quelle application au hasard, vous pouvez éventuellement tomber sur un logiciel malveillant. Les boutiques d’applications tierces pourraient également encourager la tendance aux applications « dupliquées » ou « clonées », qu’Apple tente généralement de combattre.
Mais, d’un point de vue réaliste, l’App Store d’Apple contient beaucoup d’applications frauduleuses. Et d’après mon expérience d’Android, les personnes qui téléchargent des applications en sideloading ont généralement des connaissances techniques. Donc, cette nouvelle règle est surtout une bonne chose. Vous aurez davantage de contrôle sur votre smartphone ou tablette, et les applications interdites par Apple (comme les émulateurs de jeux ou Fortnite) devraient devenir facilement accessibles.
Un réel impact sur le marché
La loi sur le marché numérique pourrait également avoir un impact sur la façon dont Apple gère les paiements. À l’heure où j’écris ces lignes, Apple prélève une part considérable de tout achat in-app ou abonnement sur l’iPhone (30 %). Elle restreint également le type de contenu que les applications peuvent vendre (Spotify ne peut pas vendre de livres audio sur l’iPhone, par exemple). Mais, les boutiques d’applications tierces pourraient aider les développeurs à contourner ces frais.
L’entreprise n’abandonnera pas tout contrôle et pourrait imposer certaines exigences de sécurité à toutes les applications, voire demander des frais de vérification. On ne sait pas si les développeurs qui distribuent leurs applications depuis la boutique officielle seront autorisés à installer les systèmes de paiement de leur choix. En dehors de cela, Apple pourrait permettre aux applications tierces d’interagir plus étroitement avec le matériel et les fonctions du système central de l’entreprise et également ouvrir des fonctionnalités qui ne sont actuellement accessibles qu’à ses propres applications, comme la puce NFC et le réseau Localiser. Une exigence à laquelle Apple n’est toujours pas prête à se conformer est l’ouverture d’iMessage et de l’application Messages à des services tiers, les ingénieurs de la société estimant que cela pourrait porter atteinte à la vie privée.
Selon l’UE, Apple a jusqu’au 6 mars 2024 pour se conformer à la loi sur les marchés numériques. Mais Bloomberg affirme qu’Apple mettra en œuvre le sideloading dans iOS 17, qui arrivera fin 2023. Là encore, ce changement est exclusif à l’Europe. Mais une fois qu’Apple aura réoutillé son système d’exploitation de manière à ce qu’il soit possible d’installer des applications sans passer par la boutique Apple, je ne serais pas surpris que d’autres pays adoptent des lois analogues qui inciteront Apple à proposer cette fonctionnalité dans d’autres régions dans les années à venir.