L’acquisition d’Activision Blizzard par Microsoft a franchi le plus gros obstacle réglementaire dans l’Union européenne. La Commission européenne a approuvé le projet de fusion d’une valeur de 68,7 milliards de dollars, notant que même si Microsoft décide de limiter à l’avenir tous les titres d’Activision Blizzard à la plateforme Xbox, cela « ne nuirait pas de manière significative à la concurrence sur le marché des consoles ».
Elle note également que l’accord représente une « amélioration significative pour les jeux sur le cloud par rapport à la situation actuelle ». Dans son communiqué de presse officiel, l’agence indique qu’elle a mené une enquête approfondie sur les problèmes de concurrence soulevés par les régulateurs ainsi que par des rivaux comme Sony et qu’elle est parvenue à la conclusion que les conditions de l’acquisition « répondent pleinement » à tous les problèmes et aux critères d’équité du marché.
Pour rappel, Sony a contesté l’opération au motif que la propriété d’Activision Blizzard par Microsoft lui permettrait, à terme, de devenir le gardien de franchises de jeux à forte rentabilité comme Call of Duty. Microsoft, de son côté, a tenté d’apaiser ces craintes en prolongeant un contrat de 10 ans pour Call of Duty afin de le maintenir sur la plateforme PlayStation, tandis que Nintendo a signé un contrat de ce type avec Microsoft.
La déclaration de la Commission européenne souligne que même si Call of Duty est limité aux plateformes Microsoft, le géant japonais des jeux vidéo dispose toujours d’un rayon d’action et d’un catalogue suffisamment vastes pour conserver son avantage concurrentiel. Mais les problèmes ne s’arrêtent pas là, puisque la FTC américaine enquête également sur l’accord.
The European Commission has required Microsoft to license popular Activision Blizzard games automatically to competing cloud gaming services. This will apply globally and will empower millions of consumers worldwide to play these games on any device they choose.
—Brad Smith (@BradSmi) May 15, 2023
Un nouveau souffle
La tentative de Microsoft d’obtenir le feu vert pour son accord avec Activision Blizzard a été bloquée au Royaume-Uni il y a à peine quelques semaines. L’un des principaux arguments à l’origine de cette décision était que l’accord donnerait à Microsoft un avantage déloyal sur le marché des jeux, en particulier dans le domaine du « cloud gaming ». Le service de cloud gaming de Microsoft a une portée assez large et est entièrement lié au service d’abonnement Xbox Game Pass.
Cependant, des titans de l’industrie comme Valve, NVIDIA, Steam et même Amazon sont de la partie. Sony, pour sa part, possède également un service d’abonnement à des jeux assez populaire dans son portefeuille sous la marque PlayStation. Les notes d’approbation de la Commission européenne abordent également ces questions d’exclusivité. L’agence note que « Microsoft n’aurait aucun intérêt à refuser de distribuer les jeux d’Activision à Sony, qui est le principal distributeur de jeux pour consoles ».
Elle cite également la position dominante de Sony sur le marché en ce qui concerne la vente des consoles PlayStation par rapport aux machines de la série Xbox de Microsoft. Mais tout n’est pas rose pour Microsoft. L’Union européenne déclare, à l’issue d’une longue évaluation, que Microsoft peut nuire à la concurrence s’il limite à l’avenir à sa propre plateforme le streaming des jeux d’Activision Blizzard dans le cloud. En ce qui concerne les jeux sur PC, l’organisme de réglementation estime que le fait de limiter les jeux à son écosystème Windows ou de dégrader l’expérience sur les plateformes concurrentes signifierait que Microsoft « pourrait renforcer la position de Windows sur le marché des systèmes d’exploitation pour PC ».