Les relations tumultueuses de Sam Altman avec les régulateurs européens ont pris deux nouveaux tournants. Le PDG d’OpenAI serait sur le point d’entamer de nouveaux pourparlers avec l’UE et d’installer son nouveau siège sur le continent. En effet, Sam Altman est revenu sur sa déclaration selon laquelle l’entreprise pourrait devoir cesser ses activités en Europe si la proposition de règlement de l’UE sur l’intelligence artificielle allait de l’avant.
Sam Altman a déclenché un tollé après avoir critiqué la loi européenne sur l’IA. Âgé de 38 ans, il a menacé de retirer les services d’OpenAI à cause des projets de cette législation historique, qui obligerait son entreprise à se conformer à des obligations supplémentaires.
Pour rappel la semaine dernière, Altman a averti qu’OpenAI — la société à l’origine du chatbot d’intelligence artificielle ChatGPT — pourrait devoir cesser ses activités en Europe si la version actuelle de la loi européenne sur l’intelligence artificielle allait de l’avant, car elle « surréglemente » les produits d’intelligence artificielle. À ce moment, Altman avait déclaré à Reuters lors d’un événement à Londres : « Si nous pouvons nous conformer, nous le ferons, et si nous ne le pouvons pas, nous cesserons d’opérer….. Nous essaierons. Mais il y a des limites techniques à ce qui est possible ».
À la suite d’une vive réaction de la part des législateurs, Altman a rapidement fait volte-face. Il a tweeté que le développeur de ChatGPT était « ravi de continuer à opérer ici » et qu’il n’avait « pas l’intention de partir ». L’offensive de charme s’est poursuivie lors d’une interview accordée à Politico. « Nous avons vraiment besoin d’un bureau en Europe », a déclaré M. Altman au journal. « Nous en voulons aussi vraiment un ».
Peu importe ce qu’il veut, le besoin est clair. Une fois la loi sur l’IA adoptée, OpenAI devra être présente dans l’UE. Mais, il est encore possible de modifier le règlement avant qu’il ne soit finalisé. Le Parlement européen envisage de réviser la loi et la prochaine étape du processus est un vote du Parlement entre le 12 et le 15 juin sur un projet de négociation. Le Parlement européen pourra ensuite négocier la version finale de la loi avec le Conseil des ministres européen.
La proposition de réglementation de l’UE exigerait que les utilisateurs soient informés que l’IA, plutôt que des humains, a généré le contenu. Elle exigerait également que certaines plateformes d’IA générative soient désignées comme « à haut risque » si elles sont destinées à être utilisées pour l’identification biométrique des personnes, le recrutement et l’évaluation des emplois, l’éducation et la formation professionnelle, la gestion des infrastructures critiques, l’application de la loi, l’immigration, etc.
La France comme siège ?
Dans cette optique, deux nouveaux ajouts au calendrier de Altman pourraient s’avérer importants. La première est prévue pour ce jeudi, date à laquelle il doit rencontrer la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, à Bruxelles. Le second devrait avoir lieu le mois prochain, lorsque Altman et Thierry Breton, responsable de l’industrie européenne, discuteront de la conformité avec les règles imminentes de l’Union européenne.
Quelle que soit l’issue, l’essor fulgurant de l’OpenAI ne montre aucun signe de ralentissement. Une récente étude révèle que les visites sur openai.com ont augmenté de 54,21 % en mars pour atteindre près d’un milliard d’utilisateurs mensuels, ce qui représente le plus grand bond en avant parmi les 50 premiers sites Web du monde. Le site a gagné 33 places dans le classement mondial en l’espace de deux mois.
En ce qui concerne la présence de l’entreprise en Europe, Altman a déclaré qu’il choisirait la France si le choix était uniquement basé sur les talents en matière de recherche sur l’IA. Mais, il a ajouté qu’il avait été « super impressionné par le talent et l’énergie qui règnent partout ». Impressionner les législateurs européens sera le prochain test de sa flatterie.