Alors que la loi européenne sur les marchés numériques (DMA) fait pression sur Apple pour qu’elle apporte à l’iPhone des modifications qu’elle ne souhaite pas, Tim Cook, PDG d’Apple, a rencontré jeudi dernier Margrethe Vestager, responsable de la politique antitrust de l’UE, à l’Apple Park.
Dans un tweet, Margrethe Vestager a indiqué que la réunion avait porté sur certains aspects du DMA, notamment l’obligation pour Apple d’autoriser le sideloading d’applications sur l’iPhone dans les 27 pays membres de l’Union européenne. La DMA exige qu’Apple propose le sideloading dans l’UE d’ici mars prochain.
2 main points from my meeting w/ @tim_cook @apple ⬇️
👉 compliance w/ #DMA, e.g. @Apple’s obligation to allow the distribution of #apps outside the @AppStore
👉 ongoing @EU_Competition cases e.g. @AppleMusic pic.twitter.com/G2gP51IW8L— Margrethe Vestager (@vestager) January 12, 2024
Le sideloading consiste à installer une application à partir d’une boutique d’applications tierce. Depuis l’époque de Steve Jobs, Apple s’est opposée au sideloading par crainte que les utilisateurs d’iPhone n’installent des applications chargées de logiciels malveillants. Si Apple peut tester les applications installées à partir de l’App Store, il n’en va pas de même pour les applications chargées à partir d’une boutique d’applications tierces.
Vestager et Cook ont également évoqué les affaires de concurrence en cours dans l’Union européenne, notamment celle intentée par le diffuseur de musique Spotify contre Apple Music.
Apple a subi la pression de la DMA et ajoutera la prise en charge des services de communication riche (RCS) à l’iPhone dans le courant de l’année. Cela permettra aux utilisateurs d’Android qui envoient des SMS aux utilisateurs d’iOS de bénéficier de la plupart des fonctionnalités dont disposent les utilisateurs d’iMessage lorsqu’ils envoient un message à un autre utilisateur d’iPhone. Ces fonctionnalités comprennent des photos et des vidéos de haute qualité, des accusés de réception, des indicateurs de frappe, le chiffrement de bout en bout, etc.
De réelles obligations en Europe
La DMA cherche également à forcer Apple à permettre aux développeurs de contourner la plateforme de paiement in-app d’Apple et d’éviter les 30 % de revenus in-app que les développeurs paient à Apple. Il s’agit là d’une bataille majeure entre certains développeurs et Apple depuis des années. L’UE cherche également à obtenir d’Apple qu’elle ouvre sa technologie de paiement mobile basée sur la NFC aux services de paiement tiers.
Sur certains points, comme le sideloading, Apple devrait limiter la fonctionnalité aux modèles d’iPhone achetés dans les 27 pays de l’UE. Pour d’autres, comme l’ajout de la prise en charge RCS, Apple prévoit de l’autoriser sur les iPhone du monde entier. Apple a fait de même lorsque la loi européenne sur les chargeurs communs a été adoptée, ce qui l’a obligé à remplacer le port Lightning par l’USB-C.
Apple aurait pu limiter le remplacement de son port Lightning propriétaire aux iPhone vendus dans les 27 pays membres de l’UE, mais a décidé qu’il serait trop complexe de proposer deux versions différentes des nouveaux modèles d’iPhone (les variantes de l’UE étant dotées du port USB-C et le port Lightning équipant les modèles du reste du monde). Ainsi, comme vous le savez probablement, à partir de la série iPhone 15, tous les nouveaux iPhone doivent utiliser un chargeur USB-C.
Il aurait été intéressant d’entendre les conversations entre Vestager et Cook, d’autant plus que l’UE et la DMA ont été la source de nombreux maux de tête pour Apple au cours des deux dernières années.