La Commission européenne a annoncé lundi que le système d’exploitation d’Apple pour l’iPad, iPadOS, a été identifié comme un important gardien numérique dans le cadre des nouvelles règles de l’UE en matière de technologie. Ces nouvelles lignes directrices comportent des exigences strictes visant à promouvoir une concurrence loyale entre les entreprises et à élargir les possibilités offertes aux consommateurs.
En septembre 2023, la Commission européenne a classé iOS, le navigateur Web Safari et l’App Store d’Apple dans la catégorie des « gardiens ». Le même jour, la Commission a ouvert une enquête de marché pour examiner si l’iPadOS joue également un rôle important de passerelle pour les utilisateurs professionnels afin d’atteindre les utilisateurs finaux.
L’enquête est maintenant terminée. L’enquête de la Commission estime qu’Apple « présente les caractéristiques d’un contrôleur d’accès en ce qui concerne iPadOS », selon un communiqué de presse de la CE diffusé lundi. Cette déclaration a été publiée pour les raisons suivantes :
Le nombre d’utilisateurs professionnels d’Apple a dépassé de 11x le seuil quantitatif, tandis que le nombre d’utilisateurs finals était proche du seuil et devrait augmenter dans un proche avenir.
Les utilisateurs finaux sont bloqués sur iPadOS. Apple s’appuie sur son vaste écosystème pour dissuader les utilisateurs finaux de passer à d’autres systèmes d’exploitation pour tablettes.
Les utilisateurs professionnels sont bloqués sur iPadOS en raison de sa base d’utilisateurs importante et commercialement attrayante, et de son importance pour certains cas d’utilisation, tels que les applications de jeux.
Un délais pour mettre en conformité iPadOS
Apple dispose désormais d’un délai de 6 mois pour apporter les modifications nécessaires à iPadOS afin qu’il soit pleinement conforme à la loi sur les marchés numériques (Digital Markets Act, DMA). Cela signifie qu’Apple doit suivre la même boucle que pour iOS. Nous savons tous qu’Apple a apporté des changements majeurs à iOS et aux politiques de l’App Store au cours des derniers mois. Et tous ces changements ont été inspirés par la DMA.
On peut donc s’attendre à ce que les changements imposés par iOS, comme la prise en charge des boutiques d’applications tierces, la possibilité de désinstaller complètement Safari et d’autres changements majeurs, arrivent sur l’iPadOS dans une prochaine mise à jour.
Notre étude de marché a montré que, bien qu’il n’atteigne pas les seuils fixés, iPadOS constitue une passerelle importante sur laquelle de nombreuses entreprises s’appuient pour atteindre leurs clients. La décision prise aujourd’hui garantira que l’équité et la contestabilité seront préservées également sur cette plateforme, en plus des 22 autres services que nous avons désignés en septembre dernier. Apple dispose de six mois pour mettre l’iPadOS en conformité avec la DMA. — Margrethe Vestager, vice-présidente exécutive chargée de la politique de concurrence
Il existe un critère pour être classé comme « gardien » dans le cadre de la loi sur les marchés numériques. Il s’agit d’un chiffre d’affaires d’au moins 7,5 milliards d’euros dans l’UE ou d’une capitalisation boursière de 75 milliards d’euros ou plus. Il faut également que les services ou les plateformes aient une base d’utilisateurs actifs mensuels supérieure à 45 millions et qu’ils attirent plus de 10 000 utilisateurs professionnels actifs par an au sein de l’Union européenne.
Une énorme somme à payer en cas de non conformité
Il faut savoir qu’Apple, Alphabet, Amazon, ByteDance, Microsoft et Meta ont tous été désignés comme « gatekeepers » par la Commission. À l’instar d’Apple, ces marques mondiales ont dû se conformer à toutes les obligations de la DMA avant le 7 mars.
Désormais, Apple peut également choisir de ne pas se conformer à la nouvelle réglementation. Cela dit, elle devra payer d’énormes compensations pour avoir enfreint les règles de la DMA. Ces compensations comprennent des enquêtes régulières de l’UE, des amendes massives et l’imposition de « mesures correctives comportementales ou structurelles ». Le montant de l’indemnisation peut atteindre jusqu’à 10 % du chiffre d’affaires global de l’entreprise. En cas de violations répétées, l’amende peut aller jusqu’à 20 %. Si l’on considère le chiffre d’affaires annuel total d’Apple, ce montant équivaut à des dizaines de milliards.
Il semble donc qu’Apple soit pris au piège par l’Union européenne et qu’elle doive procéder à tous les changements nécessaires pour continuer à respirer. Dans les mois à venir, nous pourrions assister à des changements majeurs dans le système d’exploitation de l’iPad.