Un possible rapprochement entre Intel et AMD pourrait être en vue, selon un récent rapport de Semafor. Face aux difficultés financières colossales que traverse Intel, l’idée d’une fusion avec un concurrent — comme AMD ou Marvell — serait encouragée par le gouvernement américain.
Ce dernier voit Intel comme une entreprise essentielle, notamment pour sa capacité de production, et souhaite préserver sa compétitivité dans le secteur des semi-conducteurs face à des concurrents comme TSMC à Taïwan et l’essor rapide de l’industrie des semi-conducteurs en Chine.
Intel a récemment dévoilé des pertes astronomiques pour le troisième trimestre de l’année 2023 avec un déficit de 16,6 milliards de dollars. Par rapport à l’année précédente, sa marge bénéficiaire nette a chuté de 6 064,76 %, une perte sans précédent pour une entreprise de cette envergure. Cette situation inquiète le gouvernement américain, qui a déjà apporté un soutien financier à Intel dans le cadre du CHIPS Act, visant à stimuler la fabrication de semi-conducteurs aux États-Unis.
Malgré les promesses de financement du CHIPS Act — avec près de 30 milliards de dollars en subventions et prêts à taux réduit prévus pour Intel —, aucune somme n’a encore été versée. Bloomberg a rapporté qu’Intel n’a pas encore fourni de plan d’affaires convaincant au gouvernement, rendant l’octroi des fonds difficile.
Ce manque de soutien exacerbe encore la situation précaire d’Intel, qui s’efforce de tenir ses contrats de production, notamment le nœud technologique 18A pour Microsoft et le Département de la Défense.
Pourquoi une fusion pourrait être la solution ?
L’idée d’une fusion ne concerne que la division de conception de processeurs d’Intel, laissant intacte sa division de fabrication. Cette approche permettrait à Intel de se concentrer uniquement sur la production, qui est d’une importance stratégique pour le gouvernement américain dans un contexte de concurrence mondiale exacerbée. En outre, une cession de la branche design à AMD ou Marvell pourrait apporter les fonds nécessaires à la consolidation de l’activité de fabrication d’Intel.
L’acquisition par AMD pourrait sembler contre-intuitive, étant donné leur rivalité historique dans le secteur des processeurs. Cependant, cette consolidation pourrait transformer l’industrie en réduisant les coûts et en combinant leurs expertises. Intel conserverait ainsi sa force de production tout en soutenant la branche design sous la direction d’un acteur déjà établi.
Une telle collaboration pourrait aussi faciliter une meilleure synergie dans la recherche et développement, et ainsi favoriser l’innovation et la compétitivité des puces américaines face à l’Asie.
Un plan de secours pour les semi-conducteurs américains
À long terme, l’accent est clairement mis sur la fabrication aux États-Unis. Depuis plusieurs mois, Intel envisage également une scission de ses activités de conception et de fabrication pour accroître son efficacité. Si cette division devait se concrétiser, et que des fonds gouvernementaux continuaient à affluer exclusivement vers la production, Intel serait mieux positionné pour relever les défis de production liés à ses contrats de 18A. Cela pourrait également attirer d’autres clients, aidant Intel à regagner sa rentabilité tout en renforçant l’industrie nationale des semi-conducteurs.
En conclusion, bien que les discussions entre le gouvernement et Intel soient encore à un stade préliminaire, l’idée d’une fusion avec AMD est une option stratégique. Elle soulève des questions sur l’avenir de l’industrie, mais pourrait offrir une solution à court terme pour maintenir la compétitivité américaine dans un secteur critique. Reste à voir si cette approche sera jugée favorable pour les deux parties et si elle pourra renforcer l’industrie des semi-conducteurs face aux géants asiatiques.