Le modèle de génération vidéo développé par OpenAI et encore non commercialisé, Sora, a fait l’objet d’une fuite mardi dernier par un groupe d’artistes protestant contre ce qu’ils appellent les pratiques de « blanchiment artistique » de l’entreprise.
Selon un post de l’utilisateur @legit_rumors sur X, les membres de ce collectif, nommé Sora PR Puppets, ont pris cette initiative pour dénoncer les conditions de leur participation au programme d’accès anticipé.
Les Sora PR Puppets, ayant bénéficié d’un accès précoce à l’API de Sora, ont utilisé des tokens d’authentification pour créer une interface frontale permettant à quiconque de générer des clips vidéo avec le modèle. Bien que ce projet n’ait été accessible qu’environ 3 heures avant que Hugging Face (ou OpenAI elle-même) ne révoque l’accès, plusieurs utilisateurs ont eu le temps de publier leurs créations sur les réseaux sociaux.
Dans un manifeste publié en ligne, le groupe critique vivement OpenAI, estimant que des centaines d’artistes offrent un travail gratuit sous forme de tests, retours d’expérience et expérimentations artistiques, sans compensation, pour une entreprise valorisée à 150 milliards de dollars.
« Ce programme d’accès anticipé semble moins axé sur l’expression créative et la critique, et davantage conçu comme un outil de publicité et de relations publiques », écrivent-ils.
Sora, un modèle prometteur, mais des problèmes persistants
Le groupe dénonce également une politique stricte d’OpenAI, qui impose une validation préalable des vidéos générées par les artistes avant qu’elles ne soient publiées. « Nous avons publié cet outil pour permettre à tout le monde d’expérimenter ce que 300 artistes ont eu : un accès libre et illimité à cet outil », justifient-ils.
Try it here:https://t.co/gnnkoj0jc2
If Sora, it looks like an optimised version. Can generate up to 1080 10-second clips.
Suggest duplicating the space (if that works – my test didn’t!).
One example: pic.twitter.com/npphRJgyrd— Kol Tregaskes (@koltregaskes) November 26, 2024
Les utilisateurs ayant accédé rapidement à l’interface avant sa suppression ont pu générer des clips vidéo de 10 secondes en résolution 1080p, à l’aide d’une version optimisée de Sora surnommée « turbo ». Contrairement à la version initialement présentée par OpenAI en février, cette version semble significativement plus rapide et capable de produire des vidéos en un temps réduit.
Cependant, des informations rapportées par The Information révèlent que les premières itérations de Sora avaient de sérieux problèmes : elles nécessitaient 10 minutes de calcul pour produire une minute de vidéo et peinaient à maintenir un style esthétique cohérent tout au long des clips.
Une critique ouverte de la gestion d’OpenAI
Malgré leur ouverture à l’utilisation de l’IA dans les arts, les Sora PR Puppets appellent OpenAI à revoir son approche :
Nous ne sommes pas contre l’utilisation de la technologie IA comme outil pour les arts. Ce que nous dénonçons, c’est la manière dont ce programme artistique a été déployé et la direction que prend cet outil avant son éventuel lancement public. Nous partageons cette information dans l’espoir qu’OpenAI devienne plus transparent, plus respectueux des artistes et soutienne les arts au-delà des simples opérations de relations publiques.
La fuite de Sora soulève des questions éthiques importantes sur la manière dont les entreprises d’IA collaborent avec les artistes et exploitent leur créativité, alors même que le potentiel de cet outil reste indéniable. Si OpenAI veut regagner la confiance des artistes, il devra non seulement améliorer la gestion de ses programmes, mais aussi offrir un soutien tangible à ceux qui contribuent à façonner ses technologies.