Arm Holdings, acteur clé de l’industrie des semi-conducteurs, déploie une stratégie ambitieuse pour augmenter ses revenus et son influence sur le marché.
Arm prévoit une augmentation des taux de redevances pouvant atteindre 300 % pour certaines de ses conceptions de puces, avec pour objectif de générer 1 milliard de dollars supplémentaires par an d’ici une décennie.
Ce projet, nommé « Picasso », cible principalement les clients utilisant des conceptions prêtes à l’emploi basées sur l’architecture Armv9.
Un fossé de revenus à combler
Pour l’exercice fiscal 2024, Arm a enregistré un chiffre d’affaires de 3,23 milliards de dollars, un montant bien inférieur à celui de ses principaux clients, comme Apple. À titre de comparaison, les revenus générés par les appareils d’Apple alimentés par des puces Arm sont 90 fois supérieurs. Face à cet écart, Arm envisage une transformation radicale de son modèle économique : passer de fournisseur de licences à concepteur et fabricant de ses propres puces.
Si ce plan se concrétise, Arm entrerait en concurrence directe avec des clients majeurs tels qu’Apple, Qualcomm et Samsung. Cette initiative inclurait également le développement de chiplets, des composants modulaires pouvant être intégrés à des processeurs plus grands. Bien que prometteuse, cette approche comporte des risques majeurs, notamment l’éventualité d’aliéner des clients-clés.
Des tensions avec les clients et des alternatives possibles
La perspective d’une concurrence directe inquiète les partenaires d’Arm. Qualcomm, l’un des principaux clients d’Arm, a déjà pris des mesures pour réduire sa dépendance à ses technologies. En 2023, Qualcomm a remporté une victoire juridique face à Arm, après que ce dernier l’a accusé de violer des accords de licence. Cette décision pourrait inciter davantage de clients à explorer des solutions alternatives.
Le projet Picasso, combiné à une hausse significative des redevances, soulève également des craintes parmi les autres partenaires d’Arm. Si certains clients se détournent de ses solutions prêtes à l’emploi pour développer leurs propres conceptions, cela pourrait fragiliser le modèle économique historique de l’entreprise.
Le soutien de SoftBank et les défis à venir
Le groupe SoftBank, qui détient 90 % du capital d’Arm, soutient pleinement cette transformation stratégique. Cependant, le chemin vers la croissance est semé d’embûches. En augmentant les redevances et en concurrençant directement ses partenaires, Arm risque de compromettre ses relations de longue date avec ses clients, laissant la porte ouverte à d’autres concepteurs de puces.
Pour Arm, ces changements sont nécessaires afin de reprendre le contrôle sur ses technologies et d’accroître ses revenus. Le PDG René Haas, qui milite activement pour ce changement de cap, a exprimé sa frustration face à la dépendance excessive de l’entreprise à l’égard de quelques clients majeurs.
Un pari risqué pour redéfinir son rôle dans l’industrie
La stratégie d’Arm vise à remodeler le marché des semi-conducteurs, mais son succès dépendra de sa capacité à maintenir la confiance de ses clients tout en poursuivant ses ambitions de croissance. Si elle réussit, Arm pourrait devenir un acteur encore plus influent. Cependant, en cas d’échec, elle risque de perdre sa position dominante face à des concurrents prêts à combler les lacunes.
Conclusion : La stratégie d’Arm représente un équilibre délicat entre audace et risque. Tandis que l’entreprise cherche à redéfinir son rôle dans un secteur hautement concurrentiel, ses décisions auront des répercussions majeures sur l’avenir de l’industrie des semi-conducteurs.