Eric Migicovsky, fondateur de Pebble, est prêt à relancer une version moderne de la célèbre montre connectée qui a marqué l’histoire des wearables. 13 ans après avoir lancé Pebble et 8 ans après sa vente à Fitbit, Migicovsky revient sur le devant de la scène avec un projet ambitieux : recréer l’esprit de Pebble à partir de zéro, mais, cette fois, en s’appuyant sur une version open source du système d’exploitation Pebble OS récemment libérée par Google.
En 2012, Pebble a révolutionné l’industrie des wearables grâce à une campagne Kickstarter record de la Pebble Time, amassant plus de 10 millions de dollars. Pendant 14 ans, la marque a dominé un marché encore émergent, vendant plus de 2 millions d’appareils. Cependant, en 2016, Pebble a dû déposer le bilan et a été rachetée par Fitbit, qui a intégré la technologie Pebble dans ses propres produits avant d’être elle-même absorbée par Google.
Pebble n’a pas pu suivre la montée en puissance de l’Apple Watch, lancée en 2015, qui a transformé le marché des montres connectées en mettant l’accent sur la santé et l’écosystème d’Apple. Mais pour Migicovsky, l’échec de Pebble réside également dans une croissance trop rapide et une perte de la vision initiale.
Google rouvre la porte avec Pebble OS
Ce qui rend ce projet possible aujourd’hui, c’est la décision inattendue de Google de rendre Pebble OS open source. Dans un article de blog, Google a déclaré vouloir soutenir les développeurs et les fans de Pebble qui ont maintenu les appareils fonctionnels depuis la fermeture de l’entreprise en 2016. Avec cette initiative, Google ouvre la voie à de nouveaux appareils tiers basés sur Pebble OS.
Pour Migicovsky, cette annonce est une opportunité unique de créer la montre connectée qu’il rêve de porter. « J’ai essayé toutes les autres montres, mais aucune ne correspond à mes attentes », dit-il.
Les objectifs de la nouvelle Pebble
Plutôt que de réinventer la roue, Migicovsky souhaite rester fidèle à l’essence de Pebble. Sur son blog, il a partagé une liste claire des caractéristiques qu’il veut inclure dans cette nouvelle version :
- Écran e-paper toujours allumé : lisible en plein soleil, non distrayant, et économe en énergie.
- Longue autonomie : une montre qui dure plusieurs jours sans avoir besoin d’être rechargée fréquemment.
- Simplicité d’utilisation : une expérience utilisateur intuitive pour des fonctionnalités essentielles, comme les notifications, les alarmes, et le suivi de base des activités.
- Boutons physiques : pour contrôler la musique ou d’autres fonctions sans regarder l’écran.
- Personnalisation et hackabilité : un système ouvert permettant aux utilisateurs de créer leurs propres cadrans ou d’ajouter des fonctionnalités personnalisées.
Une production raisonnée et durable
Contrairement à l’approche précédente, Migicovsky ne compte pas sur des levées de fonds ou des campagnes Kickstarter. Il finance lui-même ce projet et prévoit une croissance modeste, en fonction de l’intérêt des consommateurs. « C’est un projet passion », explique-t-il. « Nous allons le réaliser ».
Bien que le projet en soit encore à ses débuts, Migicovsky a déjà visité Shenzhen pour explorer les capacités de production actuelles. « La fabrication de matériel est bien plus facile qu’il y a 10 ans », affirme-t-il. Les défis principaux, selon lui, se situent du côté du logiciel, un domaine dans lequel l’ouverture de Pebble OS par Google simplifie grandement les choses.
Un public existe-t-il encore pour Pebble ?
Migicovsky admet que Pebble s’adresse à une niche, mais il est convaincu qu’un public fidèle existe encore. Le subreddit dédié à Pebble reste actif, et des marchés de revente pour les anciens modèles montrent que la demande persiste. « Nous sommes peut-être des dizaines, mais ces dizaines comptent », plaisante-t-il.
Cependant, l’écosystème des wearables a évolué. Les consommateurs attendent désormais des fonctions de santé avancées et une intégration profonde avec leurs autres appareils. Migicovsky parie sur une philosophie différente : moins de fonctionnalités, mais une expérience utilisateur plus ciblée et durable.
Un nouveau départ pour Pebble
Avec Pebble OS désormais open source, Migicovsky a une base solide pour relancer Pebble, ou plutôt un « clone spirituel » de la marque. Ce projet se distingue par sa simplicité, son ouverture, et son ambition modeste. Alors que les géants comme Apple et Samsung continuent de dominer le marché avec des appareils toujours plus sophistiqués, Migicovsky offre une alternative nostalgique et fonctionnelle.
Le défi sera de taille, mais pour Migicovsky, l’objectif est clair : créer une montre qu’il portera avec fierté, et qui, espère-t-il, ravira ceux qui partagent sa vision. « Nous allons ramener l’esprit Pebble, et cette fois, nous allons bien le faire ».