Alors que la domination de ChatGPT commence à montrer des signes de faiblesse, DeepSeek, une startup chinoise spécialisée dans l’intelligence artificielle, tente une percée sur le marché mondial.
Selon des données de Semrush, les visites quotidiennes de ChatGPT aux États-Unis ont chuté de 22,1 millions en octobre 2024 à 14,9 millions en janvier 2025.
Pendant ce temps, DeepSeek a connu une croissance spectaculaire, passant de 2 300 visites en octobre à 71 200 au 19 janvier.
DeepSeek, une ascension fulgurante
À l’échelle mondiale, DeepSeek a dépassé les 7,12 millions de visites, grimpant rapidement en tête des classements de téléchargement dans 140 pays. Cette adoption massive montre un changement de préférence des consommateurs, mais suscite également de vives inquiétudes.
Au cœur du débat se trouve une préoccupation majeure : les risques en matière de sécurité nationale. Contrairement à ChatGPT d’OpenAI, DeepSeek est basé en Chine et soumis aux lois strictes de partage des données de Pékin. Certains experts s’inquiètent de la potentielle exploitation des données des utilisateurs, qui vont des requêtes personnelles aux renseignements stratégiques sur certaines industries.
Des vulnérabilités en cybersécurité ont déjà été signalées par des entreprises spécialisées, et DeepSeek a même confirmé une cyberattaque majeure la semaine dernière.
Une potentielle arme d’influence ?
Dewardric McNeal, analyste chez Longview Global, alerte sur des implications bien plus larges : « Il ne s’agit pas seulement de données volées. C’est une question de cartographie des opinions publiques, de suivi des tendances industrielles et d’influence des récits médiatiques ». Certains redoutent que l’approche open source de DeepSeek permette à la Chine de mieux comprendre les chaînes d’approvisionnement américaines et les avancées technologiques occidentales.
L’ancien conseiller de l’administration Biden, Matt Pearl, va encore plus loin en qualifiant la politique de confidentialité de DeepSeek de « sans valeur sous la législation chinoise ».
Selon lui, l’application pourrait être utilisée pour une surveillance massive, en suivant les utilisateurs sur plusieurs appareils et en intégrant des logiciels malveillants par le biais de mises à jour. « Une seule mise à jour malveillante suffit pour compromettre des millions d’appareils », avertit-il.
Vers une interdiction aux États-Unis ?
Alors que les tensions entre les États-Unis et la Chine s’intensifient, certains estiment qu’un bannissement de DeepSeek est inévitable. « Si TikTok a été soumis à une surveillance intense, DeepSeek représente une menace encore plus grande », souligne Pearl.
La question reste donc en suspens : les États-Unis permettront-ils à un acteur chinois de s’imposer sur leur marché de l’IA, ou des régulations viendront-elles freiner son ascension ?